Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/19

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Zeus. Soudain s’éleva devant nous une cité prodigieuse qui semblait bâtie par les Titans. Elle étageait sur une colline blanche ses temples et ses palais, et dans son Pnyx se dressaient d’innombrables statues. La foule encombrait les places et les rues ; et les hommes étaient forts comme des athlètes, et les femmes avaient la beauté des Kharites immortelles. Les éphèbes se pressaient dans les gymnases et sous les portiques de marbre, où retentissait la parole des sages. Partout des guerriers majestueux préparaient les glaives pour les batailles et se hâtaient vers les forges rouges où les armuriers battaient le fer, ciselaient les boucliers, aiguisaient les javelots. Par les portes d’argent, des chariots attelés de bœufs apportaient les vendanges vermeilles ; d’admirables troupeaux paissaient dans les prairies vertes, et, dans les champs inépuisables, les blés splendides renaissaient sous la faux des moissonneurs. Nous regardions cela et nous nous demandions l’un à l’autre quel était ce peuple puissant et riche, aimé des dieux, lorsque nous entendîmes dans l’air une grande voix qui nous disait : « C’est ta race, ô Manticlès ; ces hommes sont sortis de tes flancs, Apollonia ! » Alors la ville devint trop petite pour nos générations futures, et les murailles s’entr’ouvraient, et l’enceinte s’élargissait quand le chant du coq me réveilla.

Apollonia

Manticlès, tes paroles sont magiques et ta voix est pour moi comme la flûte puissante dont l’harmonie enivre les Korybantes. Parle-moi encore, redis-moi les songes que t’envoient les dieux bienfaisants.

Manticlès

À quoi bon s’entretenir de mes rêves ! Tu es là