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Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/21

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conduiront à Khalkis le navire qui porte mon fiancé.

Manticlès

Tu as raison : à travers la mer paisible, mon navire atteindra la blanche Khalkis et j’entrerai dans le port familier. Les jeunes filles de ma demeure m’aideront à préparer la maison nuptiale. Bientôt je reviendrai te chercher et nous fuirons ensemble vers les jardins que tu rêvais.

Apollonia, s’avance vers l’autel.

Puissant fils de Khronos, toi qui, vêtu d’une armure d’or, fends les flots glauques et conduis sur l’Océan tes chevaux à la corne d’airain ; entends ma voix, ô Poseidaôn. Toi qui prosternas dans la poussière le fier Hippolytès, toi qui brisas les vaisseaux du redoutable Aias, sois favorable à mon bien-aimé. Époux d’Amphitrité, souverain des tempêtes, roi de la mer, toi qui entoures la terre, toi qui l’ébranles par ton trident et l’épouvantes par ta voix, sois-nous favorable. Dieu à la chevelure bleue, ancêtre honoré à Éleusis, créateur, fécondateur, voyant, maître des Tritons et des Okéanides, toi que les vierges servent à Korinthe ; ô Poseidaôn, reçois mes offrandes de myrrhe et d’encens ; protecteur des nefs rapides, exauce mes vœux.

(Elle recule et marche vers Manticlès. Le jeune homme
l’attire sur sa poitrine.)
Manticlès

Je t’aime, Apollonia !

Ils restent un instant enlacés, Manticlès se dégage brusquement et crie :
Adieu !