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Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/44

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sur le seuil de la porte… Aujourd’hui l’hôte revient dans la maison, ne trouvera-t-il personne pour le recevoir ?

Bérénikè, tombant sur le banc, les mains jointes.

Jésus, Christ tout-puissant, lumière du monde, ai-je bien agi ? Je t’ai consacré ma fille et tu as accueilli mon offrande puisque tu m’as sauvée de la mort. Et pourtant tu m’as encore châtiée. Avais-je de nouveau failli ? Dieu souverain qui as frappé les premiers-nés d’Égypte, pour lequel de mes péchés as-tu pris ma fille ? Est-ce ta colère qui me frappe, Seigneur ? Ou bien, en ta divine bonté, as-tu voulu me purifier ? As-tu voulu racheter ma fille et la convier aux félicités éternelles ? Voici maintenant qu’il revient, le fiancé qui devait la conduire aux autels mauvais. Est-ce une dernière épreuve que tu m’imposes, Seigneur ; et le fais-tu venir vers moi pour réclamer celle que je t’ai donnée. Que faire ? Faut-il le chasser de cette demeure à présent chrétienne, ou faut-il essayer de gagner à la foi révélée et à la vérité sainte le gentil qui vient vers moi ? Faut-il lui enseigner ta parole et le réunir à sa fiancée dans l’éternité de ta gloire ? Jésus conseille-moi…

Ménœchos

L’heure avance. Qu’as-tu décidé ?

Bérénikè, relevant la tête, parle d’un air inspiré.

Écoute. Je vais me retirer. Reçois Manticlès. Seulement, ne lui parle pas d’Apollonia. Il ne faut pas qu’il connaisse déjà notre deuil. Demain je lui parlerai. Ce soir je n’en aurais pas la force.

(Bruit au dehors.)