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Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/50

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Manticlès

Que veux-tu dire, Apollonia ?

Apollonia

Apollonia n’est plus. Au printemps dernier, quand les jardins embaumés s’emplissaient de nouvelles roses, on m’a emportée hors de la chambre en deuil, et sur ma tombe pleure un morne dieu.

Manticlès

Pourquoi me parles-tu ainsi, mon aimée ? Quel délire te saisit ?

Apollonia

Mais regarde-moi donc !

Manticlès, la contemplant épouvanté.

Ah ! laisse-moi te regarder encore… mes cheveux se dressent sur ma tête… ma raison est troublée… j’ai peur… car je te crois vision !

Apollonia

Oui, il m’a entraînée, le Christ jaloux, celui qui étend sur la croix honteuse ses membres décharnés. Je suis morte de l’avoir adoré.

Manticlès

C’est impossible… Dis-moi que tu vis, mon âme… Dis-moi que demain nous échangerons les anneaux… Tu ne réponds pas ? Tu sembles pâlir davantage… Spectre adoré, je dois te croire et je ne te crois pas… Cependant, tu t’avances vers moi revêtue de lumière et ton visage resplendit. Tes pieds blancs ne touchent pas le sol, et ta voix n’est pas celle d’une mortelle…