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Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/54

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Bérénikè

Christ, tu l’entends et tu ne parais pas ?

Apollonia

Qu’il vienne, le supplicié ! Qu’il règne sur la terre triste, sur les bois où ne résonne plus le rire des amants, sur les villes où retentissent les lamentations des vierges. Partons, Manticlès. Tu devais préparer la maison nuptiale. Je t’ai devancé : la maison nuptiale, c’est le tombeau.

Manticlès

N’ai-je pas promis d’être toujours à toi ? Oui, je te suivrai, ma fiancée ! Nous quitterons les pays moroses où l’on ne connaît plus la divine joie.

Apollonia, à Bérénikè.

Reste seule au pied de tes autels. Meurtris tes genoux sur les pierres, implore ton dieu qui ne peut rien.

à Manticlès

Nous, par des routes merveilleuses, nous monterons au clair Olympos. Envolons-nous vers les dieux anciens.

(Enlacés, ils reculent vers les arbres, où s’éveillent de mystérieuses harmonies, et bientôt ils se perdent dans la nuit resplendissante de surnaturelles clartés.)

Bérénikè, les regarde disparaître ; puis elle se jette à genoux, et, les bras tendus vers la croix, qui se dresse plus grande dans la lumière blanche, elle crie :

Sauveur du monde, donne à leur âme le repos éternel.

FIN