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Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/199

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père Dugué s’asseyait, bougonnant, à un coin de la table, devant sa soupe qu’il avalait avec ostentation, et qui, misérable et froide, protestait héroïquement contre la succulence du civet que les autres dévoraient en claquant de la langue. Il se couchait ensuite, menaçant de « tout flanquer dehors », table et gens, si on ne se taisait pas, et si on ne le laissait pas dormir tranquille. C’était bien le moins qu’il fût le maître dans sa maison.

On commençait, dans le pays, à jaser beaucoup sur le compte de Fanchette. Il paraît que ce n’était pas grand’chose de propre, et, en ville maintenant, elle avait une réputation détestable. Un jour, dans le bois Giroux, un autre jour, dans un champ de blé, la femme à Gendrin l’avait surprise avec des hommes, en train de faire autre chose que de la dentelle. Même chez elle, les galants venaient en procession, l’un après l’autre, des jeunes gens, des hommes mariés, jusqu’à des messieurs. Il y avait eu