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Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/372

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bonheur et d’extase qui, si doucement, tombent des yeux heureux et reconnaissants.

Quand je la menai à l’autel, j’étais bien convaincu que ma femme l’emportait en beauté sur toutes les femmes belles de la terre, et quelqu’un qui m’eût parlé de sa laideur m’eût aussi prodigieusement étonné que si l’on avait traité, devant moi, la Vénus de Milo de monstre informe.

Hélas ! ces poétiques illusions du premier amour s’évanouirent bien vite. Les mains de ma femme disparurent, et je ne me trouvai plus qu’en présence d’un visage hideux et grognon, si hideux et si grognon que j’aurais voulu devenir aveugle pour ne le point voir, sourd, pour ne pas entendre le bruit aigre qui en sortait. Je n’avais pas tardé à m’apercevoir qu’elle était aussi la créature la plus désagréable, la plus ridicule, la plus méchante qui se puisse rencontrer. Toujours des paroles dures, et des scènes. Il m’était impossible de rester cinq minutes avec elle, qu’une dispute — qui se termi-