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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/166

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De la Troude

Ils ont tout… de bons salaires… de bons logements… de bonnes assurances… et des syndicats… ce que, pour ma part, et d’accord avec vous, mon cher Capron, je trouve excessif…

Capron

Dites… scandaleux… monstrueux… (Il s’anime.) Comment ?… Des ouvriers… de simples ouvriers… des gens sans instruction… sans moralité… sans responsabilité dans la vie… et qui n’ont pas le sou… et qui mangent, ou plutôt, qui boivent tout ce qu’ils gagnent… au fur et à mesure qu’ils le gagnent, auraient le droit de se réunir en syndicat, comme nous, les patrons… de se défendre, comme nous, les patrons, et contre nous ?… Mais, plutôt que d’admettre un droit aussi exorbitant, aussi antisocial… j’aimerais mieux brûler mes usines… oui, les brûler de ces mains que voilà !… (Sur un mouvement de Robert.) Ah ! j’entends bien, vous prétendez…

Robert, très froid.

Moi, monsieur ?… Je ne prétends rien… je vous écoute…

Capron

Ta, ta, ta… vous prétendez que les idées changent, qu’elles ont changé… qu’elles changeront, un jour ?… Est-ce cela ?…

Robert, très vague.

Si vous voulez !…

Capron

Eh bien, cela m’est indifférent… Ce que je veux