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Page:Mirecourt - Lamartine.djvu/10

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Et plein du grand combat qu’il avait combattu,
En racontant sa vie enseignait la vertu !
Voilà la place vide où ma mère à toute heure
Au plus léger soupir sortait de sa demeure,
Et, nous faisant porter ou la laine ou le pain,
Revêtait l’indigence ou nourrissait la faim ;
Voilà les toits de chaume où sa main attentive
Versait sur la blessure ou le miel ou l’olive,
Ouvrait près du chevet des vieillards expirants
Ce livre où l’espérance est permise aux mourants,
Recueillait leurs soupirs sur leur bouche oppressée,
Faisait tourner vers Dieu leur dernière pensée ;
Et, tenant par la main les plus jeunes de nous,
À la veuve, à l’enfant, qui tombaient à genoux,
Disait en essuyant les pleurs de leurs paupières :
« Je vous donne un peu d’or, rendez-leurs vos prières ! »


Il est à remarquer que toutes les belles intelligences, toutes les âmes élevées, tous les nobles cœurs, tous les hommes d’un génie pur, ont eu près de leur berceau une mère chrétienne, un de ces anges de la terre, au front calme et doux, qui apprennent à croire, à aimer et à bénir.