Aller au contenu

Page:Mirecourt - Lamartine.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa douce Graziella, il voulait demander pardon à sa mémoire.

Près des lieux où il l’avait connue, sous les orangers en fleurs qui abritaient leurs amours, dans les anses solitaires où le flot les berçait ensemble, il composa une partie du premier volume des Méditations, sublimes et mélancoliques élégies, dictées par ses regrets et sa douleur.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend.

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé !

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours  ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.