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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/55

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le départ de la flotte franco-anglaise, le calme finit par revenir peu à peu. C’est en ce moment de l’année 1861 qu’arrivèrent en Corée quatre nouveaux missionnaires, les PP. Landre, Joanno, Ridel et Calais. La joie que causa leur arrivée fut bientôt attristée par la mort du seul prêtre indigène de la mission, le P. Thomas Tchoi. Celui-ci, outre les travaux ordinaires de l’administration des chrétiens, avait achevé la traduction définitive du catéchisme, et avait envoyé tous ces ouvrages à la capitale où s’organisait une imprimerie. Tout à coup, au mois de Juin 1861, il tomba malade et s’éteignit doucement après avoir reçu les sacrements des mains du P. Pourthié. Ce fut pour la mission une très grande perte que la mort de ce prêtre pieux et fervent. Pendant douze ans, il avait visité de nombreuses chrétientés, allant dans les lieux où un Européen aurait difficilement pénétré. Ce fut Mgr. Daveluy qui se chargea de l’administration du district de ce prêtre. La fin de 1861 fut marquée par des vexations, des persécutions locales, qui ne cessèrent qu’au mois de Juin 1862, quand des émeutes populaires vinrent détourner l’attention des mandarins. En 1863 arriva le P. Aumaître, mais dans le courant de la même année, les PP. Landre et Joanno, qui n’étaient en Corée que depuis deux ans, furent inopinément enlevés par la mort. Le nombre des ouvriers diminuait au moment où la moisson devenait plus abondante. En effet, les catéchumènes étaient de jour en jour plus nombreux. Il est vrai que la persécution de 1860 et les diverses vexations des années suivantes avaient dispersé les fidèles, mais de ce fait, les provinces septentrionales du royaume, où certains d’entre eux avaient cherché refuge, et où jusqu’à présent on ne comptait aucun chrétien, s’étaient ouvertes enfin à l’évangélisation. Mgr. Berneux, toujours sur la brèche, malgré ses souffrances continuelles, voulut lui-même visiter ces pauvres réfugiés et leurs nouveaux convertis. C’est au cours d’une de ces visites dans le Nord, que, reconnu par les païens, il fut arrêté, injurié, retenu prisonnier dans une auberge, puis relâché moyennant une quarantaine de francs. Quelques années plus tôt, il eût été conduit au mandarin et de là au supplice.