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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/54

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dans le cours de son ministère apostolique. Sa devise, qui résume toute sa vie, était : « Je fais tout par devoir, rien par plaisir, mais tout avec plaisir ». Les années 1857, 1858 et 1859 avaient été des années de travail et de grandes consolations, quand tout à coup, en 1860, la persécution éclata. Heureusement elle n’était pas ordonnée par le Roi, et tourna à la confusion du préfet de police, son auteur, qui eut la honte de ne pas se sentir soutenu par les ministres. De l’aveu des païens eux-mêmes, cette persécution fut un triomphe pour le catholicisme. L’opinion et le gouvernement l’avaient blâmée, et le préfet avait donné sa démission, tandis que son successeur faisait remettre en liberté les chrétiens que les tourments ou la maladie n’avaient pas emportés. Et pourtant cette persécution avait fait un mal incalculable. Beaucoup de chrétiens étaient complètement ruinés, une vraie panique s’était emparée des fidèles qui avaient fui au loin dans toutes les directions. Il s’en fallut de peu que cette panique n’amenât un désastre. Mgr. Berneux, qui était alors en province, revint en toute hâte à Séoul et sut par son sang-froid arrêter la fuite éperdue des fidèles, et faire renaître le calme parmi eux. La persécution terminée, les missionnaires se remirent à l’œuvre avec courage. Pendant que pleins d’anxiété et de tristesse, ils travaillaient à raffermir leur troupeau un instant dispersé, des événements étranges se passaient à Pékin. Le 13 Octobre, les troupes anglo-françaises étaient entrées à Pékin. Cette nouvelle fut connue en Corée vers la fin de l’année. « Les diables d’Occident, disait-on, sont venus sur de nombreux navires et vont venir envahir l’Empire du Fils du Ciel. » Grand émoi à la cour coréenne, émoi qui ne fit que s’accroître au mois de Février 1861, quand revint de Chine l’ambassade annuelle, et qu’on apprit l’incendie du palais impérial, la fuite de l’Empereur, le traité imposé par les alliés. À cette annonce, les affaires furent suspendues, les familles riches ou aisées s’enfuirent dans les montagnes, croyant voir bientôt arriver à Séoul aussi les troupes étrangères. Des mandarins se recommandaient humblement à la protection des chrétiens, d’autres se disculpaient. Le peuple tout entier semblait avoir perdu la tête, jusqu’au moment où, apprenant