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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/61

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gleterre, et que le négociateur né de cette alliance était l’évêque catholique.

Le régent reçut la lettre, mais se garda bien de dire son sentiment. Sur ces entrefaites, la princesse Min, femme du régent, avait demandé qu’on écrivît une nouvelle lettre à son mari. Un noble chrétien, le Mandarin Nam Jean-Baptiste, se mit en devoir de la rédiger et de la présenter au prince. Celui-ci lut la lettre avec beaucoup d’attention. Le lendemain il le fit de nouveau appeler, et s’entretint longuement de la religion chrétienne : il trouvait tout beau et vrai dans cette doctrine, sauf qu’il ne pouvait comprendre pourquoi les sacrifices aux morts n’étaient pas permis. Il s’informa de Mgr. Berneux, exprima le désir de le voir. L’évêque prévenu (il était alors à visiter les chrétientés du Nord) revint en toute hâte et était à Séoul le 25 Janvier, mais le régent, informé de son arrivée, négligea de l’appeler. Il avait sans doute voulu gagner du temps et prendre vent. L’horizon politique semblait d’ailleurs de jour en jour s’éclaircir pour lui. Les Russes, disait-on, venaient de partir, la crainte avait cessé et puis l’ambassade coréenne rapportait de Pékin d’intéressantes nouvelles : on proclamait que par toute la Chine on massacrait les Européens. Ces nouvelles ne firent que donner plus d’audace aux dignitaires opposés à la religion chrétienne. Leurs avis l’emportèrent bientôt, et il fut décidé que tous les Missionnaires seraient mis à mort, et que les chrétiens seraient poursuivis.


LA PERSÉCUTION ÉCLATE. — Déjà en Janvier, mais sans caractère officiel bien déterminé, ici et là au Nord et au Sud, des chrétiens avaient été arrêtés, maltraités, plusieurs même avaient été décapités. À Hpyeng-yang, en particulier, au mois de Février, lors des fêtes du 1er de l’an lunaire, plusieurs fidèles avaient été emmenés au mandarinat. Sous les coups, tous, sauf un, Pierre Ryou, avaient apostasié. Le mandarin militaire avait ordonné aux apostats d’achever eux-mêmes leur courageux compagnon, et d’aller jeter son corps à la rivière. C’était le 17 Février 1866. Un des apostats, à peine rentré chez lui, fut pris d’un tel remords, qu’il n’eut plus qu’une pensée : se faire par-