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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/72

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échec, mais n’anticipons pas. La petite flotte arriva bientôt dans les eaux coréennes. Le 20, ils reconnurent l’embouchure du fleuve Hankang, et le 25, deux des trois navires purent remonter le fleuve presque jusqu’à Séoul. Le 30, ils se réunirent de nouveau au « Primauget » resté en arrière, et le 3 Octobre, ils étaient de retour à Chefou. Il s’agissait maintenant d’agir. Le 11 Octobre, nouveau départ de Chefou : cette fois, l’Amiral a pris avec lui sept bâtiments ; le 13 ils arrivent en vue de la grande île de Kanghoa, et le lendemain, cette île est occupée sans coup férir. De là l’Amiral envoie une lettre au roi de Corée, demandant que les trois ministres qui avaient décrété la mort des missionnaires, lui soient livrés, et qu’un dignitaire, muni de pleins pouvoirs, lui soit envoyé afin de conclure un traité. À cette lettre, le Roi ne répondit pas. De son côté l’Amiral, voyant approcher l’hiver, prit le parti de retourner en Chine. Toutefois, auparavant il pilla et livra aux flammes la ville de Kanghoa et le palais royal qui s’y trouvait. Il partit ensuite pour Chefou, laissant les malheureux chrétiens sans défense exposés à la rage et aux représailles des païens, qui n’eurent plus qu’une pensée : les Français, pris de peur, s’étaient enfuis et les chrétiens devaient être tenus pour responsables de cette expédition et des pertes subies.


LA PERSÉCUTION CONTINUE PENDANT PLUSIEURS ANNÉES. — Les deux missionnaires qui étaient restés en Corée, avaient essayé, en apprenant l’arrivée des bateaux français, de se réfugier à bord, mais quand ils arrivèrent à l’endroit où ils mouillaient, ils venaient de repartir ; ils se confièrent donc à une barque chinoise et se firent conduire à Chefou. La Corée n’avait plus de missionnaires et de longues années devaient s’écouler avant qu’aucun d’eux pût remettre le pied sur son sol. Mais que devenaient les chrétiens coréens privés de leurs pasteurs ? Hélas ! Le Régent, ivre de rage, avait solennellement juré d’exterminer tous les chrétiens, ordonnant même de n’épargner ni les femmes ni les enfants. Au mois de Septembre 1866, déjà 2 000 d’entre eux avaient succombé sous les coups des persécuteurs. En l’année 1870, la rumeur publique accusait une