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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/112

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étaient arrivées depuis quelques heures au château, pâles, harassées, mourantes, et que la vieille dame était d’une humeur à faire trembler tous ceux qui l’approchaient.

Après un léger repas on les conduisit à la couche qui leur était destinée : Louis de Winchestre trouva un lit excellent, où les sentiments qui l’agitaient ne lui permirent point de dormir : Dirk Dirkensen, couché sur un grabat, tomba dans le sommeil le plus profond.

Aux premières lueurs de l’aurore, le jeune homme quitta seul la ferme, pour errer autour du château où se trouvait Marguerite. Des allées touffues l’environnaient de toutes parts, et, au-dessus de grandes masses de verdure, s’élevaient ses tours carrées, garnies de créneaux. Le frémissement du feuillage et le gazouillement des oiseaux frappaient agréablement l’oreille du jeune marin, accoutumée au bruit sourd et monotone des vagues et au sifflement des vents orageux.

Tandis qu’appuyé contre un vieux chêne il se livrait à de longs souvenirs, quelques pas se firent entendre dans le jardin du château dont un large fossé le séparait. Il vit des rameaux agités et distingua à travers les branchages verdoyants la robe blanche d’une femme. Le cœur du jeune amant battit avec force : car quelle autre que son amante eût devancé le jour pour errer seule sous ces ombrages épais ?

Elle sortit d’un bosquet, pâle, les cheveux en désordre, et la tête baissée. L’insomnie avait déco-