Aller au contenu

Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loré ses joues et terni l’éclat de ses yeux ; mais elle n’en paraissait que plus belle à celui qui était la cause de son agitation.

Bondissant avec la légèreté d’un jeune chevreuil, il franchit le fossé du château et vint se jeter aux genoux de Marguerite. Rien n’avait annoncé sa présence, et cependant Marguerite en parut à peine surprise. L’image de Louis de Winchestre était toujours présente à sa pensée ; sans cesse ses yeux le cherchaient, son cœur l’attendait sans cesse : comment eût-elle été étonnée de le voir ?

Ils restèrent un instant immobiles, muets, pleurant de joie et de tendresse. Relevez-vous, Louis, dit enfin la jeune comtesse en lui tendant la main : cette attitude ne convient pas à celui qui m’a sauvé l’honneur et la vie.

Le jeune homme se releva, et, pressant sur son cœur cette main chérie : Marguerite, dit-il, ce cœur n’a pas cessé de t’appartenir.

Un vif incarnat vint colorer les joues et le front de la jeune fille ; elle ne répondit pas, mais un sourire, peut être involontaire, trahit la joie qu’elle eût vainement essayé de dissimuler.

Ils s’assirent sur un banc de gazon, et gardèrent encore quelque temps le silence. — Louis, reprit enfin Marguerite d’une voix mal assurée, vous êtes blessé.

— Ce n’est rien, répondit-il en souriant ; l’espoir et le bonheur sont de grands médecins. Mais ne me haïrez-vous pas d’avoir versé mon sang pour une