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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/174

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Don Sandoval (car c’était lui-même que le hasard ou plutôt la justice divine livrait maintenant à l’amant de Marguerite) fit un effort pour se dégager du bras robuste qui l’entourait ; il parvint à délivrer sa main gauche, saisit un pistolet caché dans sa ceinture, l’appliqua sur la poitrine de son ennemi, et, riant d’un rire terrible, il lui répondit en lâchant la détente : Oui, rebelle, je te reconnais.

L’amorce brûla, mais le coup ne partit point : l’Espagnol grinça des dents, et dans sa rage il lança contre l’image de la Vierge le pistolet qui avait trahi sa vengeance, maudissant à la fois son vainqueur, son Dieu et lui-même ; mais le glaive vengeur du jeune Belge arrêta ses imprécations, et le cadavre du blasphémateur resta étendu aux pieds de la statue.

Cependant les deux cavaliers, ignorant le danger qu’ils avaient couru, s’étaient arrêtés au bruit des armes à feu et restaient immobiles à quelques pas de la maison. C’étaient des guerriers, armés de toutes pièces et la visière baissée. Dirk Dirkensen les remarqua. Comme il avait appris dans ses croisières à se tenir toujours sur ses gardes, il commença par recharger son mousquet ; puis il cria par la fenêtre aux deux inconnus : Avancez sans crainte, seigneurs militaires ; vos ennemis sont maintenant à tous les diables.

— Nos ennemis ! reprit un des deux en espagnol ; pour qui nous prend ce misérable ?

La patience n’était pas la vertu principale du vieux marin ; quand il entendit l’honorable épithète,