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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/177

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Le mulâtre resté seul avec les deux Flamands mit pied à terre et entra dans la maison pour essayer de reconnaître les assassins, et s’assurer si tous avaient perdu la vie. Un seul respirait encore. Grand Dieu ! s’écria-t-il en l’apercevant, est-ce bien vous, don Diego ? Quel mal vous avais je fait pour vouloir m’assassiner !

Le moribond répondit avec effort : Vous aviez le titre de capitaine, et c’était un opprobre pour l’armée espagnole.

— Et Sandoval, demanda Louis de Winchestre, quel motif l’avait armé ?

Le blessé balbutia quelques mots, parmi lesquels on put distinguer le nom de Jean de Vargas. Interrompu par une convulsion subite, il tressaillit et se débattit un moment comme pour repousser la mort : peu à peu ses mouvements s’affaiblirent, sa respiration s’éteignit, ses yeux se renversèrent et son cœur cessa de battre.

Les voyageurs abandonnèrent ce séjour de mort, et, montant sur leurs bons chevaux, ils prirent ensemble le chemin de Bruxelles. Le mulâtre exigea que son libérateur descendit chez lui, et Louis de Winchestre, auquel les discours de ce jeune étranger avaient inspiré une vive bienveillance, accepta l’hospitalité qu’il lui offrait. Mais Dirk jî Dirkensen, craignant de se trahir parmi des Espagnols, demanda et obtint de son maître la permission d’aller loger chez des gens de son pays.

Le mulâtre conduisit son hôte au palais du gouver-