Aller au contenu

Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’autre cavalier s’approcha également — Il est bien extraordinaire, dit-il d’un ton impérieux, que vous ayez voulu exposer votre vie pour deux inconnus.

Une rougeur foncée colora les joues du jeune homme, et il ne répondit que par un regard méprisant.

— Qui êtes-vous ? reprit l’étranger.

— Peu vous importe ! répliqua Louis de Winchestre, indigné de la méfiance et de la hauteur de cet inconnu.

— Et si je voulais le savoir ! continua le cavalier en mettant sa main sur ses pistolets.

Louis de Winchestre, sans proférer un seul mot, étendit le bras vers la maison ruinée, et fit remarquer à l’interrogateur Dirk Dirkensen, debout sur le rebord d’une fenêtre, le mousquet à la main et prêt à faire feu.

Le mulâtre était jusque-là demeuré immobile ; mais quand il vit une nouvelle querelle près de s’engager il s’adressa à son compagnon d’un air timide et suppliant : Seigneur, dit-il, cet étranger nous a sauvé la vie.

— Je le sais, don Alonzo, je le sais, répartit l’orgueilleux inconnu ; son courage m’est le garant de sa véracité, et loin de lui en vouloir je l’en estime davantage. Restez ici et informez-vous exactement de ce qui s’est passé, surtout soyez discret ; il faut que je continue ma route, mais ces braves me connaîtront plus tard — À ces mots il piqua des deux et s’éloigna au galop.