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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/269

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pillage de Mons, le comte Louis de Nassau, digne frère de Guillaume, n’ayant voulu consentir à aucune capitulation, à moins qu’on ne promît de laisser les habitants en possession de leurs biens. Mais le féroce Espagnol comptait dédommager ses soldats en leur abandonnant une proie au moins aussi considérable ; c’était l’opulente cité de Malines. Cependant il existait dans cette ville un grand nombre de royalistes, surtout parmi la noblesse et les riches commerçants : mais peu importait au lieutenant de Philippe II que l’innocent payât pour le coupable : il voulait contenter ses soldats, effrayer les mécontents, et satisfaire la haine qu’il avait toujours ressentie pour les Belges, depuis que Charles-Quint avait humilié son orgueil en mettant les cités florissantes des Pays-Bas au-dessus des plus grandes villes d’Espagne. La destruction de Malines remplissait ce triple but : elle fut résolue, et Ferdinand de Tolède sourit en songeant que la ruine de dix mille familles pourrait ajouter quelque chose à sa renommée.

Du sommet d’une colline, où sa tente était dressée, il contemplait la plaine féconde au milieu de laquelle s’élevaient les murs de Malines. On eût dit qu’il se complaisait à l’idée du mal qu’il allait faire, et qu’il jouissait d’avance de l’horrible scène qui changerait ces beaux lieux en un séjour de deuil et de désolation. Le ciel était serein, et les premiers rayons du soleil, vivifiant toute la nature, promettaient une de ces belles journées d’automne, si riantes et si magnifiques ; mais les projets de l’ambition et les calculs