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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/391

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Là, sur le gaillard d’avant se tenaient le gouverneur, les capitaines espagnols Corquéra et Ferdinand Lopez, le jeune comte de Cruyninghen et quelques autres ; on apercevait également à la proue des autres vaisseaux les principaux officiers, impatients d’atteindre l’ennemi qu’ils se croyaient sûrs d’écraser. Une joie orgueilleuse brillait dans leurs regards, et les Espagnols surtout montraient le plus grand mépris pour leurs faibles adversaires.

Certes il s’en fallait de beaucoup que les forces des patriotes pussent être comparées à celles des royalistes. Amsterdam, qui tenait encore le parti du Roi, avait fourni au comte de Bossu nombre d’excellents marins et d’officiers expérimentés ; des gentilshommes de toutes les provinces étaient accourus pour combattre sous ses drapeaux ; plusieurs compagnies de fantassins espagnols et presque tout un régiment allemand étaient répartis sur ses navires, tandis que les mécontents n’avaient d’autre flotte qu’une trentaine de mauvais bateaux, montés presque tous par des volontaires.

Cependant cette inégalité effrayante n’intimidait point les braves Hollandais et Frisons : plusieurs fois déjà, les jours précédents, ils avaient attaqué partiellement l’armée navale ennemie, et quoiqu’ils eussent obtenu peu de succès, leur ardeur n’était point diminuée. On voyait, au nord-ouest de la flotte royaliste, sortir des ports d’Enkhuizen et de Medenblik des navires de Hollande, petits, mal équipés, et peu nombreux, mais remplis de braves marins et