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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/392

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commandés par l’intrépide Corneille Dieriksen, amiral de Hollande pour les États. À l’est, quelques faibles bâtiments frisons restaient à l’ancre, malgré l’approche des ennemis, et semblaient attendre l’occasion de combattre. À voir ces navires chétifs, à deux ou même à un seul mât, former leur petite ligne pour résister aux immenses vaisseaux du comte de Bossu, on eût dit une troupe de pygmées qui voulait attaquer des géants.

Le tocsin retentissait sur les deux rives du détroit ; il appelait à la défense commune tous ceux qui depuis Harlingen jusqu’à l’Overyssel habitaient les côtes de Frise, et les Hollandais des îles du Zuiderzée, ceux de Medenblik, d’Enkhuizen, de Hoorn, et de tout le pays qu’on nomme Waterland ou Pays d’eau. Les cultivateurs abandonnaient leurs champs, les bergers leurs prairies, les artisans leurs ateliers, et, armés, qui de faux, qui de piques, qui d’épées et qui de mousquets, ils accouraient au rivage et se formaient en petites troupes, prêts à recevoir les assaillants. Les plus hardis se joignaient aux pêcheurs, aux bateliers et aux gens de mer, et, montant dans de lourds bateaux destinés au transport des grains et de la tourbe, ils s’efforçaient de gagner le large pour se réunir à la petite escadre de leurs compatriotes.

Il était dix heures du matin ; le vent tournant un peu vers le nord, les navires frisons purent se diriger à la rencontre de leurs ennemis. On les vit avec surprise lever l’ancre, déployer leurs voiles et