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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/396

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lenteur possible. Mais rien n’égalait le désespoir du noble comte de Bossu, que ses serments obligeaient à ordonner le massacre de cette troupe de braves. Trois fois il lut sur le point de commander qu’on virât de bord et qu’on évitât la bataille, et trois fois, ses regards rencontrant le sourire dédaigneux des officiers espagnols, il rougit et garda le silence.

Le capitaine Corquéra, commandant les fantassins espagnols qui étaient à bord de l'Inquisition, lui demanda enfin jusques à quand la flotte du Roi paraîtrait fuir devant les ennemis. Un coup d’œil plein de fierté fut la réponse du gouverneur : il fit un signe au capitaine du vaisseau, et le pavillon royal d’Espagne, signal du combat, fut arboré au sommet du mât de misaine.

Aussitôt les deux extrémités du demi-cercle s’ébranlent, se rapprochent et enveloppent la petite escadre de Frise, que jusqu’alors on s’était contenté de foudroyer de loin, et les trente navires de guerre fondent tous ensemble de toutes parts sur les bateaux ennemis.

À la vue de cette manœuvre les Frisons poussent un cri de joie. Ils pourront donc maintenant faire usage de leurs armes! que leur importe le nombre, les ressources, l’avantage de la position ? ils ont pour eux leur courage et la justice de leur cause.

Ils se forment en ligne, et, attaqués des deux côtés, ils s’efforcent de jeter leurs grappins de droite et de gauche, comme si l’équipage de chacun de leurs