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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/397

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petits bâtiments eût pu enlever à l’abordage deux vaisseaux ennemis. Tout ce que l’antiquité raconte des exploits merveilleux de ces Cauchois, de ces Saxons, de ces Frisons indomptables et de ces fiers Sicambres, qui ont tour à tour habité à l’embouchure du Rhin et de l’Ems, leurs descendants le surpassèrent en ce moment. Entourés d’ennemis triples en nombre, ils ne se défendent pas : ils attaquent, et de petites troupes de trente à quarante hommes, sautant sur les vaisseaux royalistes, luttent avec une valeur surnaturelle contre les nombreux équipages et les troupes aguerries qui défendent ces citadelles flottantes.

Les balles sifflent, les armes retentissent ; mais aucun cri de douleur ne se fait entendre. L’acharnement est le même des deux côtés : de part et d’autre on ne songe qu’à la victoire.

Mais, malgré des prodiges de valeur, les patriotes ne pouvaient triompher : ils avaient trop de désavantage en attaquant ces gros navires qui les commandaient, et dont les flancs hérissés de canons formaient autant de remparts qu’il fallait enlever d’assaut. Ils succombèrent enfin, et l’on vit quelques-uns de leurs bâtiments reculer ; les autres combattaient encore, mais sans espoir, et une mort glorieuse semblait être le seul prix auquel pussent aspirer leurs braves défenseurs.