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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/405

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doux et timides, aucune goutte de sang ne souillait ses blanches mains ; mais, s’attachant aux pas du comte de Waldeghem, il s’efforçait de détourner les coups qu’on lui portait ; il se jetait sans cesse entre le vieillard et le fer menaçant, et, soit que sa jeunesse et sa beauté désarmassent les plus furieux, soit que son noble dévouement fût respecté par les ennemis eux-mêmes, de même qu’il n’avait point fait de blessures, il n’en avait point reçu.

Tout à coup paraissent sur le pont du vaisseau une dizaine de marins qu’une chaloupe vient d’amener. Leur haute taille, leurs formes athlétiques, leurs figures mâles et brûlées par le soleil révèlent des guerriers redoutables, et leurs cris répandent la terreur parmi les royalistes : car ils reconnaissent le nom de Zélande, ce nom que tant d’exploits ont rendu fameux et terrible ; mais quelle fut la consternation du comte de Waldeghem en reconnaissant à la tête de ces braves son libérateur, son ami, son fils, Louis de Winchestre !

Deux fois le vieillard recula, et deux fois, affermissant sa visière baissée, il voulut combattre ces nouveaux ennemis. La honte de paraître timide, l’espoir de vaincre, et cet enthousiasme irréfléchi qui attache l’homme à la cause qu’il a longtemps soutenue, allaient l’entraîner au plus horrible combat, lorsqu’entre lui et Louis de Winchestre se jeta le jeune marin qui le protégeait depuis si longtemps, et tous deux à la fois reconnurent Marguerite.

Le glaive tomba de leurs mains :