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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/406

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— Mon père ! s’écria le jeune homme.

— Mon fils ! répondit le vieillard ; et, au milieu de cette scène de carnage et de désolation, les combattants virent avec surprise, deux des plus braves chefs des partis opposés s’embrasser étroitement.

— Vous êtes mon prisonnier ! dit à Marguerite un vieux marin, dont le mousquet avait déjà renversé plus d’un Espagnol. Elle sourit en reconnaissant Dirk Dirkensen.

Cependant Corneille Dieriksen d’un côté, les Zélandais de l’autre, avaient pris une telle supériorité, que le comte de Bossu avait été contraint de leur céder le tillac : il s’était jeté à l’entrepont, et, se retranchant avec quelques-uns des siens dans la chambre de l’amiral, il se disposait à y soutenir un siège. Le comte de Waldeghem, se trouvant seul de son parti sur le pont, rendit son épée à Louis de Winchestre, et celui-ci, voyant la victoire assurée à ses compatriotes, crut pouvoir se charger lui-même de la garde de ce vaillant prisonnier et de la belle guerrière qui partageait son sort.

Ils ne quittèrent toutefois le vaisseau que le lendemain, car la baronne de Berghes se trouvait précisément dans la chambre où le comte de Bossu s’était retranché, et ils ne voulaient pas s’éloigner sans elle.

Il eût été facile aux Hollandais vainqueurs de forcer leurs derniers ennemis dans ce dernier retranchement en tournant quelques pièces de canon contre eux ; mais ces braves gens ne voulurent point massacrer ainsi de braves adversaires : ils ne les attaquè-