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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/85

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Le vaisseau de l’amiral conservait néanmoins son poste en tête de l’avant-garde, et, par un bonheur singulier, ce gros bâtiment avait évité tous les bancs de sable qui rendaient le passage dangereux. Il s’avançait, comme en triomphe, vers la petite flottille des chaloupes de l’Écluse, qui s’était formée en demi-cercle à l’entrée du canal. Le duc de Médina-Cœli se tenait à la proue du vaisseau, entouré d’une troupe brillante de gentilshommes, et il promenait un regard orgueilleux sur ces riches bords qu’il allait gouverner.

Quelques navires de guerre, qui suivaient celui de l’amiral, étant dirigés par des pilotes de l’Écluse, imitaient assez bien sa manœuvre, et passaient, un à un, entre la côte et un banc de sable qui s’étendait au nord. Mais les transports et le reste des bâtiments de guerre venaient ensuite pêle-mêle, au risque d’échouer sur les bas-fonds qu’ils avaient à droite et à gauche. Bientôt un des plus grands toucha, et ceux qui avaient réglé leur marche sur la sienne ne purent éviter le même sort.

Par cet accident l’escadre se trouvait de nouveau divisée en trois corps. D’abord les vaisseaux de guerre et quelques navires marchands, qui avaient passé l’endroit le plus difficile, étaient maintenant à l’entrée du canal, et très proches du flibot que montait le prince d’Orange. Ensuite venait le gros de la flotte, composé de transports. Les navires échoués les séparaient de l’amiral, et déjà les bâtiments de guerre zélandais leur fermaient la retraite : ils se