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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/86

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LE GUEUX DE MER

trouvaient donc emprisonnés entre les ennemis, la côte, les bancs de sable et les vaisseaux qui avaient touché. Plus loin s’avançaient lentement les douze grandes caravelles de l’arrière-garde, qui semblaient hésiter à s’engager dans des eaux si peu profondes.

— La fortune se déclare pour nous ! dit Claas Claassens à l’amiral Worst en voyant cette disposition imprévue des forces ennemies : leurs transports sont isolés et ne peuvent recevoir de secours des vaisseaux de guerre.

— Que diriez-vous donc, reprit le vieux marin, si nous prenions leurs vaisseaux de guerre aussi bien que leurs transports ?

— Amiral, ce serait un miracle.

— À la bonne heure. Mais croyez-vous que le ciel ne protège pas ceux qui combattent pour une cause aussi bonne que la nôtre ?

— Il est certainement merveilleux, répliqua le brave Joos de Moor, que ce soit le Lion d’or qui ait touché le premier. Baudouin Ewoutsen, qui commande ce navire, connaît ces parages mieux que personne.

— Baudouin est Zélandais comme nous, dit Ewout Pietersen Worst, et je ne serais pas surpris qu’il se fût fait échouer lui-même, pour rendre service à notre cause.

Bientôt ce soupçon fut confirmé par les cris de fureur et les décharges de mousqueterie, qui partirent du vaisseau naufragé. On vit les gens de Baudouin Ewoutsen assaillir les soldats castillans dont leur