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CŒUR MAGNANIME

il se résigne à aboyer furieusement après moi en me montrant ses crocs. J’ai donc déjà un ennemi ici, où je commence à compter aussi d’excellents amis.

Adieu, mon cœur, et à toujours !
Ton Rodrigue.

P. S. – Il était trop tard pour faire partir ma lettre hier, j’en profite pour briser l’enveloppe et ajouter encore un mot.

La fille de mes hôtes est arrivée. Je ne l’ai pas encore vue, mais je l’ai entendue : Quel timbre de voix… un vrai rossignol.

En ce moment elle chante, devine ?… Loin du pays ! Peut-être est-ce à mon adresse ? Tu dois me trouver prétentieux de supposer que cette jeune fille s’occupe de moi ; d’autant que je ne songe pas à m’occuper beaucoup d’elle : tu me suffis, ma bien-aimée. J’entends son rire perlé… elle doit être gaie. C’est égal, elle possède un joli ramage, il lui est permis d’être laide, sa voix merveilleuse est une précieuse compensation.

Que j’ai hâte que mon stage s’achève. Le chant de cette jeune fille vient de réveiller ma nostalgie… Allons je ranime mon courage en regardant ton cher portrait. Comme tu es belle et dire que tu es à moi… Je t’embrasse et je t’aime. À Dieu, à Dieu !

24 août.

Nous sommes en plein déluge. Je crois qu’à Paris il pleut régulièrement six jours par semaine, et encore est-il prudent au septième, si l’on veut se payer une