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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/128

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Des rivages sans nom sont les nouveaux venus.
Et l’étoile et l’azur et ses molles nuances
Pour eux sont tout remplis de douces souvenances.
La musique des cieux est pour eux seulement.
Tout parle poésie au cœur du jeune enfant.
La nature avec lui, secrètement unie,
De tout lui fait sentir l’idée et l’harmonie.
Ces grands nuages blancs sont les cités du ciel,
Où monte en souriant l’archange Gabriel ;
Et souvent, réchauffé d’une divine flamme,
Il voit dans le miroir de sa jeune et tendre ame
Les tours aux cloches d’or, les portes de Sion,
Des anges et des saints la blanche légion,
Et puis il tend les bras, regrettant tous ces charmes,
Et son œil innocent laisse tomber des larmes.

Ô si fraîche rosée ! ô pleurs du séraphin !
Vous ne reviendrez plus rafraîchir notre sein !

Tout souvenir des cieux passe avec les années.
Sous l’étreinte du temps, nos ames ruinées
Rejoignent dans les pleurs ce bord d’éternité
Que l’enfance, en riant, jadis avait quitté.
Cercle mystérieux, triste et secret voyage,
Qui commence et finit dans la mer sans rivage.
Je me perds aujourd’hui sur cet obscur chemin,