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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/133

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Sublime poésie ! ô parole profonde !
Hymne qu’on doit à Dieu, qu’on prostitue au monde !
J’écoutais attentif les accords désappris
Que me disaient nos cieux et nos gazons fleuris.
J’y cherchais des débris de divines pensées,
Ces images de Dieu sur la terre effacées,
Pâles rayons d’amour, rayons consolateurs,
Qui n’arrivent à nous qu’en traversant nos pleurs.

« Oh ! disais-je aux sapins, aux plus pâles nuages,
» L’amour reviendra-t-il habiter nos rivages ?
» Dans l’hymne universel qu’il faut chanter un jour
» Jetterons-nous aussi notre note d’amour ? »
— « Non, » répondait mon cœur ; et secouant la tête
Je disais : « L’avenir n’a plus de jours de fête.
» Liberté sans amour ! triste orgueil du savoir !
» Froides religions au temporel espoir,
» Sur le monde actuel jetant de grandes ombres !
» Et je reste étouffé sous ces pâles décombres !
» Mais tu m’en retiras pour m’appeler à toi,
» Ô Dieu ! car tu m’appris qu’il me fallait la foi. »


II

Des rêves d’avenir que mon ame oppressée
N’aille plus désormais fatiguer sa pensée !