Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/154

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Ses hôtes cependant environnaient sa couche,
Épiant son réveil, le sourire à la bouche.
— « Voyez, lui disaient-ils, voyez quel beau soleil
» De notre indépendance éclaire le réveil !
» À cheval ! à cheval ! » Davel, la tête nue,
Faisait signe aux soldats qui marchaient dans la rue,
Et lui-même déjà, le pied dans l’étrier,
Caressait de la main les flancs de son coursier.
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Sourde au commandement, la troupe est immobile,
Et son coursier lui-même, à sa voix indocile,
Se dresse en frémissant, car une forte main
Fait jaillir son écume en lui pressant le frein.
« Davel ! » dit un soldat, d’une voix de tonnerre,
Et, relevant sa crosse, il en frappait la terre :
« Descends de ton cheval, et ne résiste pas,
» Car vois-tu ces drapeaux qu’on arbore là-bas ! »
Trahison !… murmura Davel mélancolique.
Sur les crins du coursier se penchant, sans réplique,
Pour y cacher les pleurs qui roulaient dans ses yeux,
Davel s’achemina, grave et silencieux,
Au château baillival. Les tourelles rougeâtres
Aux toits pyramidaux flanquent les murs grisâtres ;
Là, sous l’humide voûte, un silence éternel
Se roule dans la nuit. C’est là qu’allait Davel.