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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/87

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» Viens du roi des hivers contempler la couronne ;
Ses joyaux sont de neige et la nuit l’environne ;
Pour lui chantent l’abîme et les forêts d’azur ;
La gentiane bleue et la pâle anémone
Bordent au loin son trône obscur.

» Là, ta douleur n’aura ni larmes, ni colère.
Comme l’aigle qui monte en son vol circulaire,
Sous les souffles de l’aube, aux limites des cieux,
Les pleurs et les brouillards ne pourront de la terre
Troubler le cristal de tes yeux.

» Un vent céleste et pur rafraîchit la prunelle ;
Le vertige au doux vol qui vous prend sous son aile,
Par l’orage ou l’azur tourbillonnant toujours,
Vous pousse, indifférent, vers la nuit éternelle
Ou vers l’aube de plus beaux jours ! »

— « Ah ! s’il en est ainsi, répondit le poète,
» Jeunesse ! liberté ! mon ame est satisfaite ! »
Et, séduit par son ange aux yeux pleins de douceur,
Il frappa sans délai dans la main du chasseur.
Mais un prompt repentir succède à sa folie.
Il soupire du poids de sa mélancolie…
Mais déjà le chasseur s’apprête à l’entraîner…
Sur l’horrible montagne il va l’abandonner.