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Page:Monneron - Poésies, 1852.djvu/89

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VI

L’ascension.



Où vont-ils ? Leurs bâtons, aux parois du sentier,
Ont fait crier le roc sous le brûlant acier.
Ils montent. Le val fuit ; de nouvelles vallées
Sous le mont qui s’écrase au loin sont dévoilées.
Ils montent. Les sapins de silence et de nuit
Voilent le front désert de ce plateau détruit.
Ils montent ; des rochers la masse ténébreuse
En spirale se tord, en abîme se creuse,
Tout à l’entour du pic où s’impriment leurs pas.
Dans leur fuite, ils ont peine à deviner, là-bas,
Et le chalet qui fume au fond des pâturages,
Et les vallons étroits des verdoyants alpages,
Et l’érable plaintif, et les grands aliziers,
Et ces lits de rochers vêtus de framboisiers.
Le lac aux bords fleuris dans la Joux qui se voile,
Ouvrant sa nuit d’azur où se couche l’étoile,
Réfléchit sous leurs pas les rochers enfumés
Et les neigeux sommets que l’aube a rallumés.
Ils planent dans les airs sur cette onde limpide,
Et dépassent bientôt dans leur course rapide