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Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/64

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de l’homme », et se tourna vers la nature. Il l’avait toujours aimée, il l’avait défendue contre la défiance et les injustes malédictions de l’église ; mais il y voyait cependant un monde soumis à la fatalité, contre lequel lutte la liberté humaine. Grâce à l’influence et à l’active collaboration qu’il avait à ses côtés, il vit désormais une étroite parenté entre l’homme et la nature ; au moment où les hommes, où ses concitoyens trompaient toutes ses espérances, il trouva dans la nature une sympathie consolatrice. Loin de confondre l’homme avec la nature et de le soumettre aux lois fatales qui semblent la régir, il sut voir en elle les germes de la liberté morale, des rudiments de pensées et de sentiments semblables aux nôtres. En un mot, il lui donna une âme. Dès lors la solitude morale que les événements lui avaient faite se trouva peuplée. Il reconnut autour de lui, dans les animaux, dans les plantes, dans tous les éléments, des âmes sympathiques auxquelles il prêtait lui-même le langage et la voix. Ce fut l’origine d’une série de livres d’une forte et charmante originalité, l’Oiseau (1856), secte