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Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/65

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secte (1857), la Mer (1861), la Montagne (1868), qui furent comme autant de chants d’un poëme de la nature ; la poésie se faisait l’interprète de la science, et cette série de tableaux et de descriptions d’une vérité et d’une puissance merveilleuses formaient dans leur large développement comme un hymne mystique au Dieu infini, unique, présent et vivant dans la multiplicité des choses. Qui pourrait oublier les pages consacrées au rossignol, cet artiste dont le chant, comme toutes les grandes créations musicales, fait entrevoir l’infini ? ou celles qui nous parlent des Alpes, « ce château d’eau de l’Europe, le cœur du monde européen », qui répand dans tous les membres du vieux continent l’eau, la vie, la fécondité, et conserve dans ses vallées le dépôt sacré des mœurs simples et des institutions libres ? Les savants de profession ont sans doute trouvé à reprendre dans ces livres des erreurs, des inexactitudes, des exagérations. Ils n’en ont pas moins été une révélation. Ils ont montré que les sciences naturelles, qu’on accuse parfois de dessécher l’âme, de dépoétiser la nature et de