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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/116

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du gouvernement, je ne l’ai pas moins été de la bassesse de l’écrivain, se soumettant ainsi servilement à être le jouet de l’injustice, du caprice ou du crédit de quelque homme puissant. Sans doute que, s’il eût senti convenablement la dignité de son être, plutôt que de le laisser ainsi dégrader, il aurait préféré l’état le plus dur ou le plus grossier ; ou si, entraîné comme Boileau par l’ascendant de son génie, il n’avait pu résister à la manie de critiquer et de satiriser, il serait passé en pays propre à le faire, ou du moins il aurait usé de la ressource des presses étrangères, dont se servent habituellement aujourd’hui les écrivains amis de la vérité et de leur repos. »

En vérité, Mairobert n’y pense pas. Autant conseiller à Beaumarchais d’aller faire jouer à Londres le Mariage de Figaro. Fréron ne lâcha pas pied, et il fit bien ; c’est par cet entêtement qu’il vaut quelque chose. Triste, trois fois triste profession, hélas ! aussi rude à exercer à présent que du temps de Fréron, environnée, hérissée des mêmes préjugés ridicules ou odieux, plus honorée,