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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/24

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de-vie ; elle refait une à une les tragédies de Crébillon, en l’appelant insolent et misérable ; elle barbouille sur tous les murs la biographie mensongère delà Beaumelle ; elle rêve chaque jour de nouveaux supplices pour Fréron !

Je suis loin de sacrifier à la réaction contre Voltaire ; j’espère qu’on voudra bien m’épargner ce ridicule. À côté de la haine de Voltaire, il y a le génie de Voltaire, et ce génie n’est pas en cause ici. L’auteur de Memnon et du Siècle de Louis XIV est prodigieux, c’est entendu, et je ne conçois pas qu’il faille revenir sur certaine opinions générales. Il me confond, il me conquiert, il m’impose comme la Révolution ; mais de Voltaire comme de la Révolution je ne veux saluer que l’ensemble. Tapi dans sa Correspondance, je le vois, caillette gigantesque, s’enquérir auprès de tout le monde des faits et gestes de Fréron. Entre tous ses ennemis, Fréron est l’élu de son choix. C’est pour lui qu’il réserve ses fureurs les plus grondantes, c’est pour lui qu’il aiguise ses traits les plus