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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/54

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cœur avant qu’on la jouât, et cependant elle fut reçue avec un succès prodigieux. M. Jérôme Carré, au sortir du spectacle, fut embrassé par plus de cent personnes. « Que vous êtes aimable, monsieur Carré, lui disait-on, d’avoir fait justice de cet homme dont les mœurs sont encore plus odieuses que la plume ! — Eh ! Messieurs, « répondit Carré, vous me faites plus d’honneur que je ne mérite ; je ne suis qu’un pauvre traducteur d’une comédie pleine de morale et d’intérêt. » Comme il parlait ainsi sur l’escalier, il fut barbouillé de deux baisers par la femme de Fréron. « Que je vous suis obligée, dit-elle, d’avoir puni mon mari ! Mais vous ne le corrigérez point. »

D’aussi épouvantables plaisanteries se passent de commentaires.

Que faisait Fréron cependant ? Le croirait-on il retournait à la deuxième représentation de l’Ecossaise, comme s’il avait voulu en appeler du public ivre au public à jeun. Cette nouvelle épreuve ne servit qu’à le convaincre de la puissance et de