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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/57

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Ainsi tous les théâtres faisaient leur cour à Voltaire ; et Fréron, après avoir mérité le surnom de bête noire des philosophes, était en train d’acquérir celui de bête noire des comédiens. Pourtant, il avait droit à plus d’égards de la part de ces derniers : il leur avait rendu des services : c’est à lui qu’ils durent de connaître l’existence d’un descendant de Corneille, et c’est par Fréron que ce descendant de Corneille se vit arraché à la misère. Plus tard, Voltaire demanda chez lui la fille de ce pauvre homme ; il la logea, lui fit jouer ses pièces et lui trouva un mari. Cela est fort louable assurément, mais cela n’empêche pas que si Voltaire avait découvert la fille, Fréron avait trouvé le père, et qu’il avait sollicité et obtenu pour lui une représentation à bénéfice. On a fait grand fracas de la belle action de Voltaire, on n’a pas soufflé un mot de celle de Fréron. Les détails de cette histoire oubliée, j’allais dire inconnue, sont relatés dans l’Année littéraire du 20 mars 1760, — l’an de l’Écossaise :

« Jean-François Corneille, écrit Fréron,