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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/82

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tion entrecoupée, des sons plus profonds s’étant fait entendre, l’esculape témoigne au poëte que le malade, se sentant défaillir, veut l’embrasser, lui donner l’accolade, et le faire reconnaître pour l’héritier de son talent à tous les spectateurs. L’héritier désigné se courbe, et mouille de ses pleurs les joues du moribond, singulièrement gonflées. « — Illustre critique ! s’écrie-t-il, puissé-je remplir dignement l’emploi que vous me confiez ! puissé-je mériter les suffrages de la respectable compagnie ! puisse votre dernier souffle, passant dans mon âme, y transmettre ce génie puissant qui vous animait ! » Pendant qu’il prononçait ces paroles, tout le monde l’avait entouré ; une très-grande clarté s’était répandue dans l’appartement, et un rire général ayant éclaté de toutes parts, le mystifié se doute de quelque tour. On approche les lumières, il regarde, il voit… Et quoi ? le cul de Fréron qui était encore arrosé de ses larmes. Celui-ci se lève à l’instant ; il l’embrasse cordialement, et du bon côté. « — C’en est fait, lui dit-il, grand poëte !