Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/81

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part en roulant : le docteur explique au candidat ce langage ; il dit que M. Fréron lui témoigne sa sensibilité de le voir. Le cœur du jeune poëte se serre ; il s’attendrit, et exprime autant qu’il peut sa reconnaissance. Il regardait le visage du moribond, il n’y trouvait aucun vestige de forme humaine, « — En quel état déplorable est réduit ce grand critique en si peu de temps ! dit-il à l’oreille du médecin. — C’est une érésipelle hémorroïdale, réplique celui-ci, accompagnée d’un hoquet ; c’est une bouffissure épouvantable ; ses yeux, son nez ont disparu ; sa langue, embarrassée, ne peut plus rendre que des sons inarticulés. Je puis seul les expliquer, par la grande habitude que j’ai eue avec lui, et surtout par celle de voir des malades de cette espèce ; mais la tête est très-saine. »

« De temps en temps, il partait quelques sifflements, que l’interprète lui rendait : c’étaient toujours des choses obligeantes pour M. Poinsinet, qui, navré de douleur, ne répondait que par ses soupirs. Enfin, après quelques minutes de cette conversa-