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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/109

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CUBIÈRES.

par des exemples que la poésie et l’éloquence, loin de ne fleurir que sous les rois, n’ont, au contraire, jamais eu plus d’éclat, plus d’élévation, de grandeur, que dans les républiques ou dans ces grandes secousses politiques qui donnent même aux monarchies l’énergie républicaine. (Drôle de style, n’est-ce pas ?) L’Assemblée ordonne la mention honorable et accorde à M. Cubières les honneurs de la séance. »

Cette phase nouvelle et inattendue de sa vie n’est pas certainement la moins piquante. Pendant quelque temps, nous pouvons le voir, assis à son pupitre officiel et écrivant — en prose — sous la dictée d’Anaxagoras Chaumette. Lors de l’abjuration du culte, il joue un certain rôle, et le conseil général de la Commune le charge de convertir le pape et les cardinaux, et de leur envoyer à cet effet la traduction de tous les procès-verbaux de déprêtrisation. Il n’y a pas de la faute à Cubières si le pape ne s’est pas converti.

En tant que poëte, son embarras et sa gaucherie sont souvent risibles. Ses habitudes d’élégance le gênent, il ne peut pas rompre avec elles tout d’un coup. Il essaye d’abord de prendre la Révolution en riant, de la tourner vers le badinage : il publie les États Généraux de Cythère ; ensuite, sous le titre de Ma nouvelle maîtresse, il célèbre la loi. — De toutes les citoyennes qui fréquentent les clubs et les tribunes publiques, Olympe de Gouges lui semble la moins laide : il fait un poëme à la gloire d’Olympe de Gouges. Mais ce ne sont là que des faux-fuyants, des souvenirs de boudoir, des réminiscences aristocratiques ; il s’agit d’entrer plus résolûment dans les