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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/123

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CUBIÈRES.

épargne si peu les femmes, et surtout les femmes d’esprit, se soit égayée sans fondement légitime sur le compte de cette héroïne de la littérature française. »

Nous ferons comme le Cousin Jacques, nous ne nous appesantirons point sur ce chapitre délicat. Disons cependant, à la louange de notre humanité, que cette liaison, semblable à celle de madame Du Deffant et de Pont-de-Veyle, ne se démentit jamais.

Sous le Directoire, Cubières renonça définitivement au surnom de Dorat, — j’ignore encore pour quel motif, — et il reprit celui de Palmézeaux, qu’il avait abandonné depuis longtemps. Il se rejeta sur le théâtre et composa une grande quantité de tragédies, de comédies[1], d’opéras-comiques et même de mélodrames. Entre autres idées bizarres, il eut celle de refaire en trois actes la Phèdre de Racine, sous le titre d’Hippolyte. Le public du théâtre du Marais siffla l’Hippolyte de Cubières-Palmézeaux, — qui

  1. Voici un fragment de son Molière, pièce dans laquelle Cubières pose d’excellentes règles, auxquelles il n’a pas su se conformer toujours :

    Croyez-vous, mon ami, que pour la comédie
    L’esprit soit suffisant ? Du bon sens, du génie,
    Voilà, voilà surtout les dons qu’il faut avoir.
    Tel qu’il est, en un mot, l’homme cherche à se voir,
    Et non tel qu’il est peint dans votre œuvre infidèle :
    Qui manque la copie est sifflé du modèle.

    ..................
    Voulez-vous réussir ? peignez dans vos ouvrages
    L’homme de tous les temps, celui de tous les âges,
    Dessinez largement : que dans tous vos portraits,
    À Paris connue à Londres, on admire les traits.
    Aux peintres des boudoirs laissez la miniature,
    Et soyez, s’il se peut, grand comme la nature !