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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/151

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OLYMPE DE GOUGES.

les sauvages surpris reviennent sur leurs pas. Le ballet finit par une concorde admirable et une musique indienne, qui, mêlée avec la musique militaire, doit faire un effet neuf au théâtre. » Malheureusement, l’effet ne fut pas compris du parterre, qui se moqua de la découverte de l’Amérique et des sauvages en masque noir. C’est égal : ce jour inattendu fut le plus beau de la vie d’Olympe de Gouges ; elle était arrivée au but de ses vœux et de ses espérances, elle avait forcé les portes de la maison de Molière : elle avait été jouée enfin !

IV

J’ai dû raconter avec un soin scrupuleux, sans omettre une colère ou un espoir, les efforts incessants et les luttes pied à pied de cette amazone littéraire, qui marque si étrangement entre les femmes de son époque, madame Falconnet, madame Riccoboni, madame Montesson, la comtesse de Beauharnais, muses heureuses et pacifiques, dont un laurier facilement obtenu ombrage le front souriant. N’est-ce pas qu’au spectacle de tant de peines, de courses, de déceptions, on se surprend à souhaiter un peu plus de talent à cette malheureuse, si cruellement mordue au talon par la tarentule poétique, et plus attachée au Théâtre-Français que Vénus à sa proie. Voltaire disait qu’une des meilleures conditions, pour faire une bonne comédie était d’avoir le diable