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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/203

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LE COUSIN JACQUES.

plaisir de la voir ni de la connaître. Je n’ai rien touché de cette rente, et j’abandonne mes droits à ses héritiers légitimes, si elle n’existe plus…

« Je lègue à l’incomparable famille des S…, habitants du faubourg Saint-Antoine, qui m’ont fourni du pain gratuitement tout l’hiver, la promesse solennelle, au nom des miens, de ne jamais les abandonner dans les moments critiques où ils pourraient se trouver.

« Je lègue à Catherine-Anne, servante, qui m’a rendu de grands services dans les premières années que j’étais à Paris, un crucifix de bronze doré sur une croix doublée d’écaille.

« Je lègue enfin à mon frère des Cinq-cents[1] le sort de mes enfants et de leur mère. »

La Terreur avait ruiné le Cousin Jacques : « Je suis tout aussi pauvre que je l’étais avant d’entrer dans la carrière des lettres, et je serais maintenant réduit à une honorable mendicité, sans mon courage, mon frère et des amis. »

À part les deux ou trois saillies que nous avons indiquées, le Testament d’un Électeur n’est qu’un long gémissement. Il se termine ainsi : « Avoué et signé par moi, Louis-Abel Beffroy de Reigny, etc., âgé de trente-sept ans, onze mois et vingt-deux jours ; ami zélé de tous les braves gens ; ennemi juré des

  1. Beffroy de Beauvoir, successivement premier suppléant à l’Assemblée législative, député de L’Aisne à la Convention nationale, et membre du premier conseil des Cinq-cents, homme de finances et d’administration. Il avait voté la mort de Louis XVI, mais avec appel au peuple et sursis à l’exécution. Les deux frères avaient épousé les deux sœurs, les demoiselles Viriez, en 1780.