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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/204

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

factions, du brigandage, du blasphème, des larmes et du sang, et de toutes les gentilleries à la mode ; et décidé à tout. »

Heureusement que la politique n’absorbait pas d’une façon absolue les moments du Cousin Jacques. Improvisateur sans cesse en éveil, il inondait littéralement de ses productions tous les théâtres : la Petite Nanette, les Deux Charbonniers, Magdelon, le Grand Genre, l’Habit de noces, Turlututu empereur de l’Ile Verte, etc. Cette dernière pièce n’est pour ainsi dire qu’une seconde édition de Nicodème dans la Lune, et je la trouve préférable ; j’engage les amateurs à se la procurer. Lorsqu’il fut question de l’établissement du théâtre du Vaudeville, les fondateurs, dans leur prospectus, ne nommèrent que quatre auteurs parmi ceux dont le talent prévenait le mieux le public : Piis, Radet, Desfontaines et le Cousin Jacques.

Un de ses grands désespoirs a été de n’avoir jamais pu faire rien recevoir à la Comédie française. Régulièrement il envoyait au comité une pièce tous les ans, et tous les ans le comité refusait sa pièce à l’unanimité. Sur les derniers temps, le Cousin Jacques accompagna l’une d’elles d’une épître un peu caustique ; en voici quelques vers :

Je me suis armé de courage,
Car vous allez, suivant l’usage,
Employer dix ans à savoir
Si vous en ferez la lecture.
Pendant dix autres l’on assure
Qu’au premier jour il faudra voir
Dix ans après, quelqu’un peut-être
En me voyant se souviendra
(S’il peut alors me reconnaître)