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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/265

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LE CHEVALIER DE LA MORLIÈRE.

a-t-il pas donne l’exemple dans ses Épîtres à Montauron ?

La Du Barry accepta le patronage de mon roman, et, pour me prouver combien elle était sensible à mon héroïque politesse, elle me fit prier de venir souper avec elle.

Je fus assez dépaysé. J’avais compté sur de l’argent, sur une gratification quelconque ; au lieu de cela, on m’envoyait de la fumée d’honneur et de la fumée de cuisine par le nez. Un souper chez la favorite ! Que n’aurait pas donné un courtisan pour obtenir une faveur semblable ! Moi, je l’aurais cédée volontiers pour une paire de boucles d’argent neuves.

Et puis je réfléchis. Il me parut évident que la Du Barry n’avait rien entendu à mon épître, ou plutôt que la pauvre fille l’avait prise au sérieux. Dès lors, je me représentai ses efforts pour imaginer une récompense à la hauteur de cette action, et je compris l’invitation à souper ; c’était ce qu’elle avait trouvé de mieux. Je souris avec indulgence, et je l’excusai. — Mais ce n’eût pas été madame de Pompadour qui se fût trompée à ce point !

Pendant deux jours, Denise ne fut occupée qu’à restaurer mon habit à paillettes.

IX

SOUPER AVEC LA DU BARRY

J’ai fait des soupers plus gais que celui-là.

Nous n’étions que deux, elle et moi, dans une salle éclairée comme pour vingt-cinq convives.

La Du Barry était parée royalement, on peut le