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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/293

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GORJY.

que ses écrits moraux obligeaient à une espèce d’hypocrisie, brûlait tristement son encens aux pieds d’une bégueule surannée, tandis que le jeune homme cueillait gaiement, franchement, avec une grisette charmante, les roses printanières du plaisir. » Ou je me trompe, ou cela a un tour facile et dégagé qui captive et qui amène insensiblement sur les lèvres un sourire de sympathie ?

La première édition de Blançay est ornée à la première page d’une sorte d’écusson ou cachet gravé, dont Gorjy donne l’explication en guise de préface. Cette explication, que voici, jette une faible lueur sur sa vie privée. « Dans le quartier, ma frêle barque tourmentée par les flots d’une mer orageuse, et pour légende : Sic olim (c’est ainsi que j’ai été). Dans le reste du champ de l’écu, cette même mienne barque, sur une mer bien calme, est fortement amarrée à un obélisque portant les armes de M. de la Villeurnoy. Lorsque je dessinai cet emblème, je n’avais mis pour seconde légende que : Sic nunc (c’est ainsi que je suis à présent) ; ce fut M. de la Villeurnoy qui ajouta le : Sic semper (et que je serai toujours). C’est par de semblables traits que ce respectable protecteur marque tous les jours de ma vie. Ô mon bien-aimé patron ! quelle que soit sa durée, jamais on ne verra s’affaiblir les sentiments de tendresse, de vénération et de dévouement absolu dont vous avez rempli le cœur de votre fidèle Gorjy ! »

D’après cela, on peut supposer que Gorjy joignait alors au titre de romancier et d’auteur dramatique les fonctions de secrétaire ou d’intendant. C’était sans doute à la suite de M. de Villeurnoy qu’il était venu à Paris, et j’aime à me représenter cet aimable gar-