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Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/308

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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

III

PORTRAITS DU TEMPS. — FÊTES DU CHAMP-DE-MARS. — LIBERTÉ ET LICENCE. — LE CHATAIGNIER DES GAULES.

Le deuxième volume d’Ann’quin Bredouille, ou plutôt le deuxième fagot, pour parler comme l’auteur, ne parut que l’année suivante, c’est-à-dire en 1792. Dans l’intervalle, Gorjy avait changé d’éditeurs : Guillot et Cuchet avaient été remplacés par Louis, libraire-commissionnaire, rue Saint-Séverin. Il est probable que les premiers avaient cédé à un sentiment de crainte en abandonnant l’entreprise et qu’ils ne se souciaient pas de se compromettre davantage. À bien y regarder, en effet, les temps n’étaient guère rassurants, et l’avenir se présentait sous les aspects les plus tristes. Gorjy n’en demeura pas moins sur la brèche : sans doute il se disait que son heure avait sonné, et que, dans la faible proportion de ses forces, tout homme de talent et d’âme devait s’employer au salut général. Peut-être n’avait-il pas tort entièrement. Tandis que d’autres brandissaient à son côté la massue ou la lance, lui n’avait en main qu’un stylet, pas même un stylet, « un simple eustache, » comme il dit plaisamment ; mais la façon dont il s’en servait n’était pas absolument dépourvue d’adresse, et tel héros de la Révolution, tel Démosthènes de carrefour a eu le nez mutilé ou l’oreille coupée par l’eustache de Gorjy.

Comme il ne s’agit pas d’une allégorie insipide, et que la clef de cette bizarre composition est sous la